4 juin 2023 JOURNEE DORDOGNE CHARENTE
Pierre, nouvel adhérent, lors de la tenue de l’assemblée générale du club avait proposé de nous faire découvrir deux sites magiques, ajoutons à cela la beauté des paysages vallonnés et verdoyants et le patrimoine bâti des villages. il a tenu sa promesse, restait à convenir d’une date, ce sera le 4 JUIN 2023.
Sylvie et Pierre nous accueille à leur domicile, calme, verdure, un soleil radieux, un vrai bonheur après s’être réconfortés de viennoiserie et café, nous prenons la route pour le village d’Aubeterre, charmant village, nous visiterons l’église monolithe.
C’est en dessous du château médiéval d’Aubeterre que se situe l’entrée de ce monument phare, l’église troglodyte, invisible de l’extérieur, impossible d’en faire le tour, elle est taillée dans la falaise et l’accès ressemble plutôt à une grotte préhistorique.
Pierre de Castillon, vicomte d’Aubeterre, fait creuser le lieu de culte au XIIe siècle. L’église était autrefois reliée directement au château par un couloir interne, aujourd’hui bouché.
Les pèlerins en route pour Compostelle pouvaient se recueillir devant les reliques dont le rôle protecteur était alors très puissant. D’innombrables pèlerins, au fil des siècles ont déambulé dans ce lieu où se perçoit la longue filiation des cultes liés à la terre et à l’eau, des sources qui ont nourri la croyance des hommes avant l’ère chrétienne. L’église est réalisée en une seule campagne de travaux sur une vingtaine d’années, un chantier monumental, 9000 m3 de pierre à retirer soit presque de 3 piscines olympiques. La magie du lieu opère aujourd’hui encore sur tous ceux qui la visitent.
Vous pourrez contempler au centre de l’abside, le reliquaire hexagonal de six mètres de haut, c’est le plus bel élément de l’église, merveille de l’art roman, inspiré du Saint-Sépulcre de Jérusalem découvert lors de la première croisade, il est taillé d’un seul bloc, ce qui permet de qualifier l’église de monolithe.
Dans l’alignement de celui-ci se trouve une cavité ornée d’une croix grecque. Il s’agit d’une fosse à relique accueillant des morceaux de la Sainte-Croix rapportés de croisades par Pierre Castillon.
En prenant de la hauteur par un escalier de 80 marches creusées dans la roche vous pourrez accéder à la galerie circulaire. Cette galerie offre une vue imprenable de 18 mètres de haut. L’éclairage du sanctuaire est possible grâce aux trois grandes baies sur le mur opposé.
Dans l’alignement du reliquaire, une fosse creusée dans la roche. Dans cette fosse se trouve une croix grecque. Plus loin, une ouverture impressionnante taillée dans le roc donne accès à la nécropole. Cette nécropole du IXe siècle s’étend à nos pieds avec 80 sarcophages médiévaux et 160 tombes rupestres. Elles témoignent de l’importance sacrée du lieu.
En 1961, une chapelle souterraine a été découverte. Cette crypte, sans doute réservée à l’usage des chanoines a été creusée sous le cœur de l’édifice. Elle dispose d’un couloir décoré d’arcades, long de 17 mètres qui conduit au cœur. Dans l’abside, se trouve un petit autel taillé dans la pierre ainsi que deux sièges sculptés dans la paroi.
La visite terminée, nous sommes attirés par ce village, gai, bien vivant, les terrasses sont bondées, nous reviendrons.
Il est temps de se nourrir, et pour cela le jardin accueillant de Sylvie et Pierre nous attend. Ils avaient installé les tables à l’ombre des arbres. Nous étions si bien installés, que nous n’avons pas vu le temps passé et pourtant le :
CHATEAU DE LA MERCERIE situé à Magnac-Lavalette-Villars avait bien décidé de nous dévoiler ses secrets.
Impressionnant ce château, appelé « petit Versailles charentais » s’élève à flanc de colline, sa façade en pierres blanches est éblouissante, elle s’étend sur 220 mètres de longueur, 15 m de hauteur et 20 m. de profondeur au milieu d’un écrin de verdure de 50 hectares, agrémentent le parc des arbres rares et remarquables.
Et nous avons eu l’honneur de stationner nos « anciennes » devant cette merveille., dont l’histoire extraordinaire débute en 1924, au cœur d’un petit manoir du XIXe siècle : le castel troubadour de la Mercerie.
En 1924, le destin du château de la Mercerie et son domaine de 600 hectares situé à Magnac-Lavalette-Villars bascule, lorsqu’il est racheté 80 000 francs par les frères Réthoré, grâce à la générosité d’un oncle.
LES FRERES RETHORE : Raymond et Alphonse sont Angevins. Raymond devient député en 1936 et est rapidement rejoint par Alphonse, féru d’architecture.
Raymond Réthoré, né le 4 juin 1901 à Liré (Maine-et-Loire) et mort le 15 décembre 1986 à Magnac-Lavalette-Villars (Charente), est un homme politique français, plusieurs fois élu député de Charente Il s’installe en Charente en 1924, son frère Alphonse féru d’architecture le rejoint. Le premier est en quête d’une implantation locale pour faire carrière en politique, il devient maire de Magnac-Lavalette en 1935 et député en 1936.
Ils font fortune dans la vente de machines pour pressing. Cependant, lors des campagnes électorales il se déclare propriétaire agriculteur.
Il devient l'ami du général De Gaulle et l'accompagne lors de ses voyages en Russie.
Les deux frères décident d'entreprendre l'édification d'un Versailles charentais qui ne sera jamais terminé. Le château de la Mercerie devient alors le rêve fou des frères Réthoré.
Le château a vu passé de grands noms, entre autre le Général de Gaulle, Jacques Chaban Delmas, François Mitterand, etc
Dès lors, les deux frères rêvant d’un grand Versailles , consacrent toutes leurs ressources à l’agrandissement et à l’embellissement de la bâtisse.
A l’extérieur, colonnades et balustrades en pierres blanches prolongent le bâtiment premier.
A l’intérieur, rien n’est trop beau pour la Mercerie. Raymond rapporte de ses voyages meubles, peintures, lustres, bois précieux, marbres d’Italie, Azulejos du Portugal, avec lesquels il transforme entre autre une réplique de la galerie des glaces du château de Versailles : 32 panneaux de 6 mètres de haut sur 2.60 mètres de large.
Les trésors s’accumulent, mais 30 années de travail ne suffiront pas à l’achèvement du projet colossal.
Au décès des deux frères, le château tombe dans l’oubli. Tableaux, statues et autres merveilles sont en péril, jusqu’à la mobilisation des habitants de la commune qui décident de fonder une association pour la sauvegarde de ce patrimoine unique et prestigieux.
Alphonse, malade, décède en 1983 à l'hôpital spécialisé de Breuty. Il est inhumé à La Mercerie, dans un pilier préparé à cet effet : 4 mètres de large, de quoi y loger un cercueil à plat et non pas debout comme le veut une légende erronée. Raymond fait apposer une plaque de marbre dont le texte, tout un symbole, débute par ces mots : « Ici repose mon frère ».
À 82 ans, Raymond, le parlementaire honoraire, resté sans héritier, doit songer à sa succession. Il comptait léguer La Mercerie et ses trésors à Solange, sa complice secrétaire de toujours, la fille de son ancienne gouvernante et de son jardinier, mais celle-ci meurt dans un accident de voiture. Il apprend qu'un nouveau riche du cognac serait intéressé par le domaine. Pas question !
Il propose de léguer l'ensemble à l'Assemblée nationale alors présidée par Chaban : refus. Même réaction de la Ville d'Angoulême, qui accepte néanmoins les 5 000 volumes de la bibliothèque. Le 15 décembre 1986, Raymond décède et intègre le pilier voisin de son frère.
René Fillonneau, le dernier employé des Réthoré qui, par disposition testamentaire, bénéficie de son logement de fonction jusqu'à sa mort, est à la retraite. Il entretient ce qu'il peut du mieux qu'il peut.
Un jour de septembre 1995, un visiteur vient se recueillir devant la tombe de Monsieur Raymond, qu'il avait « fort bien connu et apprécié ».
Ce pèlerin s'étonne de l'état de délabrement de la propriété et ne cache pas sa colère en découvrant la plaque mortuaire, brisée depuis longtemps, jamais remplacée.
- « Que voulez-vous, je fais de mon mieux, mais je suis à la retraite », lui explique René Fillonneau, un peu gêné.
- « Moi aussi », répond cet homme aux traits marqués par la maladie. C'est la dernière fois que François Mitterrand est venu à La Mercerie.
Il manquait une entrée monumentale à ce grand château, elle a vu le jour, elle est accessible par un nouvel escalier, l’esplanade est agrémentée de hautes colonnes qui font l’admiration des visiteurs.
En résumé la visite de ce château est un enchantement, s’il vous reste un peu de temps, dirigez-vous vers la roseraie et l’arboretum.
Notre guide, qui a bien connu les Frères Réthoré et surtout Raymond, nous a conté moultes anecdotes, sa tante était la secrétaire et a passé une grande partie de son enfance dans ce château, de plus le chemin qui la menait à l’école passait devant le bureau de « Monsieur Raymond ». Elle a donc bien connu tous ces illustres personnages.
La journée s’est déroulée sous la chaleur et un soleil resplendissant, à la sortie du château changement brutal de météo, une pluie diluvienne que nous n’attendions pas, nous avons quitté le château précipitamment et effectuer toute la route du retour, sous cette pluie.
Danièle